Tokombéré, premières impressions
Ca y est, les "Carnets de Tok" commencent.
A notre arrivée dimanche 12 février (avec un peu de retard pour cause de voyant allumé dans le cockpit…), nous étions attendus à l’aéroport de Maroua par le Père Christian (directeur de l’hôpital de Tokombéré et fondateur du Projet Global de Promotion Humaine). 40 km de route pour rejoindre Tok nous donnent déjà un aperçu de la sécheresse des paysages. Ca change de Yaoundé. Les mayos (rivières) sont à sec, mais quelques arbres verts survivent quand même.
A Tok, nous sommes accueillis par les quelques blancs qui vivent là. Ils nous emmènent dès le premier soir faire la balade "classique" du coin : l’ascension de la Colline de Baba Simon au soleil couchant. Située au centre du village, elle surplombe les différents quartiers et permet d’avoir un aperçu (brumeux ce soir là) des 7 montagnes alentour, une pour chaque ethnie (Gemzek, Mada, Mbuku, Moloko, Muyang, Wuzlam et Zulgwa).
Le soir, on emménage dans notre « boukarou » au toit en tôle. Il est situé dans le village, au bord de la route principale (qui est simplement une piste de sable…), à 300 mètres de l’hôpital. On a 2 chambres, un salon, une petite cuisine et une salle de bain, des ventilo, l’eau courante (froide) et l’électricité… On est bien installé !
Lundi, premier contact avec l’hôpital, guidé par le Père Christian. On découvre les lieux : un bâtiment pour chaque service (médecine, pédiatrie, chirurgie, maternité, urgences, pavillon tuberculeux, unité de traitement du VIH, dispensaire pour les consultations externes tous les matins, rééducation fonctionnelle (si, si !), pharmacie, radio-écho, administration,). Christian nous explique un peu le fonctionnement local, les moyens disponibles, le financement des soins (en partie par les patients), les soucis de budget,…
Pour le moment, on est 4 médecins au total et 4 internes camerounais. La répartition n’est pas encore définitive, mais Mickaël sera en médecine adulte et fera 1 ou 2 matinées de consultations par semaine, et Fanny sera en pédiatrie et si besoin en maternité. Les 2 médecins camerounais semblent tentés par la chirurgie…
Le mardi, on se lance. Un des médecins camerounais est absent pour la semaine, l’autre assure les consultations, et chacun de nous se retrouve dans son service pour assurer la ronde (la visite, quoi !). On s’occupe : 15 patients seulement en pédiatrie (c’est peu pour le service, il y en aurait jusqu’à 120 pendant la saison des pluies à cause des épidémies…) + des consultations externes, et 30 patients en médecine. Mickaël ne voit mardi "que" les 18 patients du pavillon tuberculose, qui n’ont pas été vu par un médecin depuis… un mois ! Pendant ce temps là, les infirmiers font la ronde en médecine… Ca fait pas tant de patients que ça peut-être, mais il faut se faire aux médicaments et aux examens disponibles, à l’organisation locale, aux soucis financiers,… La plupart des patients n’ont en effet pas les moyens de payer, ce qui limite la prise en charge diagnostique et thérapeutique… On vous en reparlera…
La pause de midi (à 14h30 en fait !) nous donne l’occasion de découvrir le marché hebdomadaire du village sous un soleil de plomb. On est impressionné par sa taille et par l’affluence. Visiblement, les gens viennent de loin, ce qui engendre un surcroit d’activité aux consultations du dispensaire de l’hôpital tous les mardis.
Le mercredi, on est dans le bain et on assure la visite chacun dans son service… Même si on s’y attendait, on découvre la gravité des pathologies et les conséquences du manque de moyens. Certains patients arrivent avec un tableau clinique sévère, souvent secondaire à une consultation tardive… Les soignants locaux semblent habituer à recevoir des patients dans un tel état, et ça n’inquiète que les 2 nouveaux médecins "nassara" (blancs) !
Entre 13h et 15h30, c’est l’heure de la pause quotidienne… L’hôpital tourne au ralenti (un infirmier par service) et nous aussi. Une petite sieste ne fait pas de mal !
Pour l’instant, on n’a pas cuisiné. On prend tous nos repas à la maison d’accueil de l’hôpital. On mange local, mais on n’a pas encore mangé de mil ! Il fait chaud, sans doute 35-40° dans la journée, et plutôt 25-30° le soir (très agréable à la nuit tombée). Les locaux ont chaud aussi, et nous préviennent que les températures vont encore grimper !
On n’a pas de thermomètre !
On vous embrasse